Plastir N°74 09/2024

LA SURRECTION

Hervé BERNARD est artiste visuel (photographe-vidéaste, sculpteur) et auteur de textes sur l’image. A son travail plastique, s’ajoute une recherche théorique sur l’image. Il a été concepteur de nombreux services interactifs pour le vidéotext et a publié un ouvrage pluri-média sur l’histoire des techniques du cinéma : « Écrire avec les yeux » C’est pour l’auteur aussi “analyser l’image, parler de l’œil qui voit l’image et du cerveau culturel qui l’interprète”. Dans Regard sur l’image, un essai illustré, préfacé par Peter Knapp et un blog qui a obtenu le Prix de l’Académie de la Couleur en 2016, il met à nu toutes les transformations qu’elle subit, de l’instant où on la prend à celui où on la regarde “. Plus de 30 magazines ont publié ses images (Europe, États-Unis). Ses photos sur la ville sont dans les collections de la Bibliothèque nationale, du musée Carnavalet (Paris), des Collections Historiques de France-Télécom, de la Caisse nationale des monuments historiques…). Elles ont été exposées en France (Espace Canon, Centre Pompidou, à la Galerie nationale du Jeu de Paume, au Carrousel du Louvre – lancement des processeurs Sun UltraSPARC Salon de la Photo96, 9e Rencontres Cinématographiques de Beaune, à l’ADAC (…) et en Europe (8e Festival du Cinéma, Charleroi…). Depuis 2011, il collabore à TK-21 LaRevue, une revue axée sur de l’image, a été em résidence à la Maison Descartes (Institut Français d’Amsterdam) et plus récemment sous l’égide du Hakka CulturalCenter, Taïwan (2019). Parmi ses réalisations : L’Écume de la Terre II et Eaux-Vives — Eaux-Fortes primées au Deauville GreenAward FilmFestival et Empreintes, un film sur le Jardin des Tuileries, scénario Marco Martella, réal. Hervé Bernard, collections du Forum des Images (Paris), présentation au Short Film Corner (Festival de Cannes) produit avec le soutien de Dolby Europe et de la Fondation des Parcs et Jardins de France en 2015. Parmi ses créations : Clôturer à perdre la raison ; Les images, classement thématiqueFilm Regard sur l’image : Livre Regard sur l’image et La Spirale;  Manifeste.  On retrouve dans La surrection présenté dans Plastir toute cette science infuse de l’image mise au service d’un concept lié aux Élégies de Rilke qui se veut ici décrire une dynamique de la vie et de l’humanité et le nécessaire changement de paradigme qu’elle nous impose aujourd’hui. « Élan du danseur ou encore les saxifrages… puissance de la nature comme élan, croissance, acte pur, sans intentionnalité en quelque sorte et conversion de la fleur en fruit sans que ne vienne s’intercaler quelque réflexion sur ces états ». C’est ainsi qu’Hervé Bernard introduit ce court essai qui nous conduit à explorer les travers et espoirs liés à la force de surrection au travers des images couplées aux mots. Il s’agit de repenser l’abondance, les peurs, la passivité, la surconsommation et la spirale d’autodestruction où ce mouvement surrectionnel nous a lui-même conduit pour pouvoir en sortir par le haut !

CRISE DES SCIENCES ESTHÉTIQUES ET PHÉNOMÉNOLOGIE DE LA RAISON ESTHÉTIQUE

Ancien directeur de programme au Collège International de Philosophie (2013-2019), Carlos LOBO enseigne depuis 1998 en CPGE. Associé aux Archives Husserl (ENS), et au Centre Gilles Gaston Granger (Aix-Marseille), il est co-fondateur du Centre de Recherches en épistémologie, analyse logique et phénoménologie dont il dirige la revue, Intentio, créée en 2019. Ses recherches s’inscrivent dans la perspective d’une réactualisation de la phénoménologie transcendantale husserlienne, qui passe par la reconstitution et le prolongement des dialogues et les transactions souvent implicites mais parfois explicites, des figures de l’épistémologie, de la philosophie des sciences, des mathématiques ou de la logique (Weyl, Hausdorff, Peirce, Bachelard, Rota, Châtelet, Desanti, Thom, Gil, Girard, etc.). Il a traduit H. Weyl, Philosophie des mathématiques et des sciences de la nature, MétisPresses, Genève, 2018; publié avec J. Bernard, Weyl and the Problem of Space, From Science to Philosophy, Springer, 2019 et  avec L. Boi, When Form becomes Substance: Diagrams, Power of Gesture and Phenomenology of Space, Birkhäuser/Springer, 2022. La phénoménologie a également fécondé, selon des modalités parallèles, les investigations les plus novatrices du vingtième siècle dans le champ de l’éthique, de la théorie de la valeur, de la déontique ou du droit, mais aussi de l’esthétique. Se rattachent à cette ligne de recherches les publications : « Relativity of Taste without Relativism. An Introduction to Phenomenology of Aesthetic Experience », Miscellanea, Antropologica & Sociologica, 2018, Tome, 20, Varsovie ; “Du maniérisme épistémologique au maniérisme esthétique. Quelques propositions et exemples pour une exploration phénoménologique de l’espace de jeu artistique », La Part de l’œil, Dossier : Exposition / Espace / Cadre, N° 33/34, 2020. « Le problème de la morphogénèse chez Thom au croisement de la phénoménologie transcendantale et de la théorie des catastrophes », Actualité de René Thom, La Part de l’Œil, N° 38, 2024, p. 185-199. Ce brillant essai alliant art, épistémologie et philosophie, dont la seconde partie sera publiée dans le prochain numéro de Plastir, est résumé comme suit par Carlos Lobo: “Les recherches husserliennes sur l’art et l’esthétique couvrent l’intégralité du champ des questionnements, un champ en pleine expansion à son époque, sous le titre d’iconologie, et d’en analyser plus finement les ressorts ou « motivations ». Les conflits épistémologiques entre disciplines esthétiques y sont, sinon arbitrés, du moins compris dans leur sources. Parmi ces conflits, celui qui n’a pas manqué de surgir dans le sillage de Riegl entre l’iconologie et l’histoire de l’art; entre philosophie (théorie de l’art) et histoire de l’art, la première résistant à la seconde et à son absorption au nom d’un a priori qu’il essaie de déployer. Notre objectif n’est pas de nous engager dans l’étude comparée de ce conflit feutré qui se poursuit entre deux héritages de Riegl, mais plutôt de quelle manière la phénoménologie husserlienne est susceptible d’arbitrer ce nouveau conflit des facultés. Les positions en jeu deviennent intelligibles à partir des analyses constitutives de « l’œuvre d’art » comme « objet esthétique » dans le « comment » de ses modes de donation et de production, ainsi que de celles, plus tardives et plus difficiles, du plaisir esthétique comme conscience axiologique neutre. Ce n’est que dans cette perspective que l’on comprendra la perspective historique globale dans laquelle s’inscrit le travail de critique de la raison artistique et esthétique dans laquelle on peut lire une réécriture de la Critique de la faculté de juger de Kant.” 

UNE PERSPECTIVE TRANSDISCIPLINAIRE DE L’ART PRÉ-COLOMBIEN ET DE L’ICÔNE DE GUADALUPE: UN ESSAI  _  A TRANSDISCIPLINARY PERSPECTIVE OF THE  PRE-COLOMBIAN ART AND THE ICON  OF  GUADALUPE : AN ESSAY.

Paulo Nuno MARTINS est ingénieur chimiste spécialisé en biotechnologie (Instituto Superior Técnico, Université de Lisbonne) et titulaire d’un doctorat en histoire et philosophie des sciences (NOVA School of Science and Technology). Il a étudié pendant 4 ans les langues et cultures orientales (chinois, japonais) et il est actuellement chercheur au CTEC-UFP, Université Fernando Pessoa de Porto et au CIUHCT-FCT, NOVA School of Science and Technology, Lisbonne, Portugal (http://orcid.org/0000-0002-2670-3172). Il est membre du CIRET (Centre International de Recherches et d’Études Transdisciplinaires), Paris. André LEIRIA est diplômé en psychologie clinique (Instituto Universitário de Ciências Psicológicas, Sociais e da Vida acronyme pour Instituto Superior de Psicologia Aplicada) et a fait des études de troisième cycle en gestion de l’hôtellerie de bien-être (IPS – Instituto Politécnco de Setúbal et Escola Superior de Hotelaria e Turismo do Estoril). Il s’intéresse particulièrement à la psychologie de la religion et de la spiritualité. Il est donc étudiant en science des religions (Universidade Lusófona de Humanidades e Tecnologia de Lisboa), un domaine qu’il a l’intention de continuer à développer par le biais de la recherche. Il se spécialise actuellement en psychothérapie transpersonnelle à l’Alma Soma Instituto Transpessoal (https://almasoma.pt/) et à l’Universidade de Coimbra. Paulo Nuno Martins a précédemment publié um article sur l’interaction entre la science et l’art au plan philosophique dans Plastir 23, 06/2011. L’essai publié avec André Leira dans ce nouveau numéro de Plastir vise à approfondir le thème mentionné dans un autre article, où l’histoire de la science et de l’art était liée au fil du temps (Martins, 2011).  Ainsi, nous décrirons la perspective historique des peuples précolombiens, en soulignant la pertinence des dieux ancestraux pour ces cultures, et la manière dont l’assimilation de l’icône chrétienne de Guadalupe a eu lieu, lors des invasions espagnoles. D’autre part, nous compléterons cette étude par une perspective psychologique, en nous référant aux archétypes primordiaux de la déesse mère présents dans toutes les cultures, et qui peuvent expliquer comment le peuple aztèque est devenu si rapidement dévoué à l’icône de Guadalupe. Il est probable qu’ils voyaient en elle la déesse-mère ancestrale aztèque appelée par Tonantzin, à savoir l’Indien Juan Diego, à qui la Vierge de Guadalupe est apparue à l’endroit où se trouve actuellement la basilique de Guadalupe.

L’ART DU PIANO OCTOPHONIQUE  – LES NOUVELLES TECHNOLOGIES ET LA CRÉATION MUSICALE

Catherine SCHNEIDER est pianiste compositrice, improvisatrice, performer, enseignante et chercheure. Titulaire d’un master de recherche en sciences de l’éducation et d’un master de recherche en composition musicale et actuellement doctorante en création-recherche à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Professeur d’enseignement artistique en piano et musique électroacoustique, sa démarche créative est à la croisée des arts sonores, de la composition musicale et de l’improvisation. Ses pièces sont jouées par le groupe Aleph ou l’ensemble Sillage et elle collabore avec Carolyn Carlson dans le secteur danse et théâtre. Catherine Schneider est en outre particulièrement intéressée par l’esprit de l’art-performance, la phénoménologie, l’analyse réflexive de l’expérience vécue, la sensorialité, les processus subjectifs et états intérieurs ainsi que les savoirs expérientiels et informels. Elle pratique le tai chi chuan et la méditation depuis plus de trente ans. Cet article présente son travail de création-recherche avec le « piano octophonique », un piano dit augmenté par les moyens informatiques, que nous avons conçu pour des créations sonores et performances live dont nous sommes à la fois compositrice et performer. Une application de traitement du son en temps réel et de spatialisation sur huit haut-parleurs est pilotée pendant le jeu et directement depuis le piano afin que geste instrumental et geste musical participent du même élan créateur. La démarche musicale créative est ici associée à une démarche réflexive et poïétique, notamment la conscientisation des processus subjectifs et des états intérieurs que nous mobilisons dans les créations sonores pour et avec le piano octophonique, par une attention à notre propre vécu et une alternance de différents modes d’attention.

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