NACRE – TERRITOIRES EXISTENTIELS MOUVANTS
Isabelle ELIZÉON est PhD en Arts de la scène, Science de l’art Université Paris III Sorbonne Nouvelle, dramaturge, artiste visuelle et chercheuse indépendante en art-science, transitions et transdisciplinarité. Elle est chercheuse associée au HCTI EA-4249 (Héritages et constructions dans le texte et l’image) – UBO, LLCP EA-4008 – Paris 8 (Laboratoire d’études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie), membre du CIRET (Centre International de Recherches et d’Études Transdisciplinaires), de la TRAS (Transversale des Réseaux Arts Sciences) et de la ZABrI (Zone Atelier Brest Iroise INEE/CNRS). Elle coordonne et anime la plateforme collaborative art-science TranSborder, à Brest (Finistère), collaborant à différents projets inter- et transdisciplinaires : www.transborder-art-science.com/. Elle a publié avec Fabien Riera « Dynamiques transdisciplinaires, relation et mondes vécus » dans Plastir 63,12/2021. Dans ce nouvel article, elle évoque l’Anthropocène, la Capitalocène, la Plantatiocène ou encore la Technocène qui, malgré les controverses, restent des notions qui permettent de penser un ensemble de composantes complexes agissant sur le Vivant sous toutes ses formes. Ces impacts génèrent des crises planétaires majeures à la fois écologique, climatique, économique et sociétale. Face à cette urgence, nous cherchons des voies de sortie, de réinvention de notre rapport à ce Vivant que nous avons scindé en deux, entre nature et culture. Pour tenter de dépasser ces crises et espérer en un futur vivable pour l’ensemble du Vivant, nous pouvons invoquer les voies entremêlées du Chthulucène (Haraway, 2020). Cet article propose de présenter et d’analyser une de ces voies de réinvention par le biais des trajectoires d’un projet transdisciplinaire intitulé NacrE. Celui-ci explore les questions de transitions au sein des crises actuelles au travers de l’élaboration d’éco-fictions relatant des territoires existentiels mouvants. Ces territoires existentiels (Guattari, 1992) émergent au travers d’approches, d’outils et de méthodologies transverses en recherche-action et création.Au travers de l’exploration de ces territoires, dans une approche mêlant science de l’art, philosophie, anthropologie et la découverte d’extraits de carnets de terrain, il est ainsi proposé d’aborder et d’interroger nos représentations et notre relation au Vivant, dans une nécessaire transformation de nos visions, capables de prendre en compte le devenir commun des humains, des non-humains et de leurs milieux.
UNE ÉCRITURE_CRI/ DIALOGUES DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU
Christian RUBY est philosophe, il enseigne à l’ESAD-TALM site de Tours, est membre de l’ADHC (association pour le développement de l’Histoire culturelle), de l’ATEP (association tunisienne d’esthétique et de poiétique), du collectif Entre-Deux (Nantes, dont la vocation est l’art public) ainsi que de l’Observatoire de la liberté de création. Derniers ouvrages parus : Abécédaire des arts et de la culture, Toulouse, L’Attribut, 2015 ; Devenir spectateur, Invention et mutation du public culturel, Toulouse, L’Attribut, 2017. Il a publié de nombreux articles dans Plastir (n° 53, 56, 59 en 2019/2020 et n°68 en 2023). Dans ce nouvel essai, Christian Ruby nous précise qu’il s’agit de traiter de l’ouvrage Rousseau juge de Jean-Jacques, Dialogues (rédigé par Jean-Jacques Rousseau, à partir de 1772 et jusqu’en 1774, et assorti d’une préface à la date de 1775) comme un écrit-cri, résultat de l’échec « douloureux » des rapports sociaux d’échanges entre auteur et destinataire. Son auteur y montre d’abord que le rapport auteur-destinataire (ou adresse/réception) fonctionne difficilement dans le cas d’une confrontation à un système de pensée nouveau : il faut lire et relire une œuvre pour en saisir la nouveauté, s’obstiner à la méditer, etc. Il montre ensuite que la difficulté est accentuée par l’existence d’un espace public littéraire violent, bruissant assez pour empêcher d’entendre tel ou tel auteur, le séparer du public et même de soi. C’est en ce point qu’il construit la nécessité d’un passage de la parole ou l’écriture inentendus à un cri destiné à forcer l’entendre, à reconduire au public et à l’unité de soi. Site de référence: www.christianruby.net
THÉRAPIE ET IMAGINAL MORT ET RENAISSANCE SELON C.G. JUNG
Bruno TRAVERSI est docteur en philosophie. Chercheur associé à l’I3SP (Institut Sciences Sport Santé) de l’Université de Paris et au CEAC (Centre d’Étude des Arts Contemporains) de l’Université de Lille. Après une thèse sur l’expression corporelle à l’aune de la psychanalyse de Jung, il mène des recherches sur les EMC (État Modifié de Conscience) en art et en thérapie, dans des contextes culturels différents, en Occident, en Afrique et en Extrême-Orient. Il a notamment publié : Le corps inconscient et l’Âme du monde selon C.G. Jung et W. Pauli, Ed. L’Harmattan, Coll. Ouverture philosophique (2016), Entre physique quantique et psychologie des profondeurs – volume 1 : La chose, l’espace et le temps, Éditions du Cénacle de France (2017), avec Alexandre Lemercier « L’arrière-monde ou l’inconscient neutre », Ed. du Cénacle de France (2018), avec plusieurs auteurs : Propos sur l’éducation selon C.G. Jung, Ed. du Cénacle de France (2019).Auteur régulier de notre revue transdisciplinaire, il a publié sur ce sujet « La déchirure de l’espace et la naissance du sujet – selon C.J Jung et C. W. Pauli » dans Plastir 42,06/2016 et « L’inconscient neutre : étapes psychologiques de la genèse d’un concept chez Wolfgang Pauli et Carl Gustav Jung » dans Plastir 49,03/2018. On pénètre dans ce nouvel essai de Bruno Traversi au cœur d’une thérapie par hypnose jungienne où l’on peut observer l’émergence spontanée des images archétypiques lors de la transe et d’apprécier leur impact sur le processus thérapeutique. L’objectif est particulièrement de décrire le déploiement et les effets de la série d’images archétypiques qui constituent l’« archétype de la renaissance », selon Carl Gustav Jung. L’activation de l’imagination vraie, par la transe, permet au sujet de se reconnecter avec le plan archétypique, à travers sa sensibilité globale. Les scènes archétypiques qu’il traverse, de la mort à la renaissance, renouvellent sa vitalité, l’image de soi, son rapport au milieu et à autrui particulièrement. L’effet curatif repose sur la nature originelle et psychoïde de l’archétype qui refonde le Moi phénoménal, comme une forme de réminiscence sensitive d’un être au monde originel qui était perdu ou voilé. Nous sommes – fait exceptionnel – dans Plastir les témoins privilégiés de cette renaissance !
Cécile VOISSET est agrégée de philosophie, traductrice freelance, chercheur indépendant et membre associé du LIS (Lettres, Idées, Savoirs) à l’université Paris XII. Membre de l’ATLF (Association des Traducteurs Littéraires de France, elle a notamment suivi le DEA pluridisciplinaire : Civilisation du monde occidental aux XVI et XVIIème siècles de l’Université Clermont II, spécialité Philosophie, littérature française, culture britannique, entraînement à la traduction. Elle a par la suite soutenu une thèse de Doctorat en Études féminines (Women Studies) à l’Université Paris VIII, en philosophie politique sur le mythe des Amazones (Un différend). Après des recherches sur l’identité et la critique du genre (thèses et travaux de 2008 à 2017), elle se dirige vers une étude de l’anti-corruption et de l’information versus la connaissance autour de l’idée de CORRUPTION (site « Panodyssey ») en y traitant notamment la figure de Julian Assange comme celle de la résistance et de l’intelligence (naturelle – artificielle) www.linkedin.com/in/cecile-voisset-a7b5681b7. Parmi ses ouvrages : Marx idéaliste. Essais hérétiques sur son matérialisme », Ed. Mimesis, Coll. « Philosophie », Milan (2019). Identitary order, Lambert Academic Publishing (2017) ; Guy Hocquenghem. La révolte (1946-1988), Préface de René Schérer, Ed. du sextant, Paris (2015) et dans la Collection ‘Ouverture philosophique’ des éditions L’Harmattan, Paris : Des Amazones et des femmes (2010) ; Les Amazones font la guerre (2009) ; Hobbes philosophe redoutable ? Des Amazones et des hommes ou le contrat selon Hobbes (2008). Après avoir publié deux études sur Vicken Parsons dans Plastir 59, 12/2020 & Plastir 61, 06/2021. Elle nous présente dans ce nouvel article traversant les thèmes staëliens, la solitude et le destin tragique de l’homme derrière le peintre, sa quête perpétuelle d’un passé non retrouvé, son parcours tortueux et allégorique à la fois. Mais surtout, Cécile Voisset nous éclaire sur la matière et la couleur au centre de l’œuvre de Staël en comparant ses toiles et son parcours à ceux d’artistes et de peintres célèbres tels Kandinsky, Cézanne ou Klee : « Ma peinture, je sais ce qu’elle est sous ses apparences, sa violence, ses perpétuels jeux de force ; c’est une chose fragile dans le sens du bon, du sublime, c’est fragile comme l’amour… » (citation de de Staël) et sur le regard de poètes ou d’hommes de lettre sur la profondeur de l’artiste. Ainsi Jacques Dubourg, Georges Kimbour ou René Char disant de lui qu’il « nous a dotés, nous, de l’inespéré, qui ne doit rien à l’espoir ».