Contrairement à des idées reçues, la plasticité ne s’adresse pas qu’à l’esthétique. Bien qu’elle ait acquis ses lettres de noblesse dans l’œuvre d’art, elle est inscrite au cœur du vivant. A l’image de la biodiversité et de la plasticité cérébrale, elle décrit à la fois une propriété de système et sa propre dynamique. La forme dévoile le fond. Le fond s’inscrit dans la forme. Il s’agit d’y voir un réel autoporté, une dynamique bijective entre le monde réel et le monde perçu. Qu’est-ce que cela signifie ? Que les corps célestes comme le cerveau ne sont pas de simples reflets, mais participent de cette réalité. Que les distorsions du réel qui en suivent, si nécessaires à l’art et si salutaires à l’individu, définissent l’espace noétique dans lequel nous nous projetons. Que l’ensemble des contraintes auxquelles nous sommes soumis relève la cohérence des invariants universaux comme des formes ou des objets émergés. Que cette cohérence appelle enfin à une redéfinition des niveaux de perception. Nous sommes un avec la nature parce que nous engendrons mutuellement un monde possible. Aucun n’impose à l’autre sa vision du réel. C’est la plastique de la réalité qui inscrit la conjonction de deux potentialités dans un même espace-temps. D’où ce double mouvement hélicoïdal qui perce aujourd’hui dans un monde en crise : crise de l’Orient face à la renaissance de la plastique en Occident – religiosité, retour aux valeurs, besoin urgent de créativité – ; crise du verbe face au nombre – dictat de la preuve expérimentale, affront des néologismes face aux langages transcendants – ; crise au sein des sciences – mécanicisme finissant et néodarwinisme renaissant, dérive éthique, singularité de l’humain – ; crise au sein de l’humanité – dérive du sens esthétique, économie fractale, effets pervers de la montée des technosciences, extrémismes -. D’où la nécessité d’inscrire la plastique des mots dans un véritable projet a contraintes, de créer une métalangue en temps réel dont la virtualité ne cède rien à la profondeur. D’où enfin la nécessité de dériver le poème de cette ascension, d’adopter une attitude nouvelle, de devenir des PLASTICIENS en un sens neuf, c’est à dire où l’homme devient à la fois l’instrument pesé et l’instigateur de son propre devenir, où enfin la sculpture parle d’elle-même.
Les Actions à Mener
– Eviter la dérive du sens esthétique.
– Décliner un code plastique de la vie.
– Favoriser l’interactivité des systèmes de codes.
– Etablir un carrefour ontologique entre les disciplines.
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