INCIPIT TEMPORIS — ICI COMMENCE LE TEMPS
Jean-Marc CHOMAZ est artiste physicien, directeur de recherche au CNRS, professeur à l’École Polytechnique (Ép). Il a co-fondé le laboratoire d’hydrodynamique, Ladhyx CNRS- 1990—, le laboratoire d’excellence Systèmes et ingénierie de l’Université Paris Saclay, 2011—2023, La Diagonale Paris Saclay, 2012—, la Chaire arts & sciences, Ép, ENSaD (École des Arts-Déco) et Fondation Carasso, 2017—2023 et le Centre interdisciplinaire SPIRAL 2023—. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, il a dirigé 31 doctorats dont 3 en art, coécrit plus de 250 publications, reçu la médaille d’argent du CNRS, 2007, le grand prix Ampère de l’Académie des sciences, 2012, été nommé « Fellow » de l’American Physical Society, 2001 et de l’Euromech, 2018. Ses recherches concernent la dynamique des films de savon, la théorie de l’instabilité, l’éclatement tourbillonnaire, les fluides géophysiques et les liens arts & sciences. En tant qu’artiste, il est l’auteur d’une vingtaine d’installations exposées internationalement, vidéos ou publications de poèmes et co-auteur d’une trentaine d’installations présentées dans le monde entier avec Anaïs Tondeur, Ana Rewakowicz et Camille Duprat, Aniara Rodado, le Duo HeHe, Evelina Domnitch & Dmitry Gelfand, Olga Flór, Anouk Daguin, Nicolas Reeves et le collectif Labofactory co-créé avec Laurent Karst et François-Eudes Chanfrault en 2005. Jean-Marc Chomaz a déjà publié dans le Hors-série de Plastir « Les plis de la mémoire » en 2015, puis dans Plastir 50, 06/2018 sous forme d’une fable climatique et plus récemment Télescope d’intérieur avec Anouk Daguin (Plastir 67,12/2022), déploie ici un scénario fictionnel autour du commencement du temps. Chapitre après chapitre, on découvre les énigmes et grandes pages de la genèse du temps (Incipit temporis). Une plongée extraordinaire du microcosme au macrocosme et la découverte permanente de mondes fabuleux où chemine le mystère temporel, le tout illustré d’images et de vidéos époustouflantes reflétant, à l’instar de Terra Bulla, Veridi Sol ou de Silmaris qui a donné lieu à l’installation Exoplanète. Illustration magistrale de la matérialité des sciences de la vie ou de l’univers et des rapports tendus entre le texte intention du film et la fiction qui en ressort. Brisure d’équilibres, pureté des lumières, atmosphère de la terre, éclosion de la vie, mécanique céleste, corps astraux, paradoxe de l’instant, alchimie des sens, multiformité des arts, dimensions poétiques versus physiques de l’espace et du temps, rapports homme-machine, érosion du temps, décalage vers le rouge, monde supra-lunaire, imaginaire musical ou chorégraphique, galops dans la lumière… « Plusieurs notions du Temps s’assemblent, plusieurs Dieux, plusieurs jeux » instille Jean-Marc Chomaz au fil des pages, retraçant les événements art-science et monstrations réalisées dans ce cadre avec des artistes ou des scientifiques, mais plus encore la nature intime de l’espace-temps, son ingestion par le vivant et les forces cosmiques, ses plis et replis, ombres démultipliées des soubresauts de la matière.
Bernard TROUDE est ingénieur en architecture industrielle et en design produit (CNAM Paris) et PhD en sciences de l’art et matériologies et en philosophie des sciences sociales (Panthéon Sorbonne et Descartes Paris V). Son actualité de recherche est actuellement centrée sur mes sciences de fin de vie et d’éthique médicale à l’hôpital touchant à différents domaines des neurosciences, de la physiologie et de la psychologie (intuition, perception, compréhension). Il intervient à ces titres régulièrement à l’international : Angleterre, Italie, Tunisie, Maroc, USA et publie régulièrement dans Plastir (PSA Éditeur), chez Elsevier-Masson et dans les revues M@gm@ International (Italie) ou TAKTIK (Tunisie). L’auteur s’est focalisé ces dernières années sur l’étude des relations entre philosophie et mathématiques et a publié une suite d’articles (Plastir n°59, N°63, N°65-06/2022) dans cette perspective transdisciplinaire, dont le dernier opus paru dans le N°70 (09/23) sur l’immatérialité en mathématiques et en philosophie. PSA apprécie particulièrement les auteurs qui comme Bernard Troude et plusieurs autres (incluant des travaux de doctorat ou post-doctorats) travaillent dans la continuité en ayant choisi Plastir comme porte-parole. L’épaisseur de leur œuvre y transparaît d’autant mieux qu’elle s’étale dans le temps et grandit, imprégnée de la plasticité des contenus. Ainsi, le mystère du chiffre se dévoile chaque fois un peu plus, de sa binarité à sa complexité, de son irréalité à sa matérialité, de ses traductions multiples en âges, durées, équations, mesures à sa phénoménologie. Ainsi « le fait du UN permettant la pensée du DEUX » ou le chiffre qui fait apparaître le mot, y compris dans sa forme. Science et sagesse, QI & QE, calculs élémentaires, constantes et infinis, sémiotique déroulée, déchiffrement, informatique binaire 0/1 versus quantique, naissance des formes et du comptage dans le cerveau, assemblages numériques, cinématique, portées rythmées, vrai du faux, autant de gymnastique cognitive, de représentation de chiffres inséparables des constantes universelles, du nombre d’or ou de Pi. Est-ce la pensée du 1 qui génère l’unité? Est-ce la nature du deux qui définit l’altérité ? Sont-ils préexistants ? Jusqu’où l’inconscient et le conscient se disputent-il le code ? Une ode au non-dit et à l’expressivité des forces en présence.
RÉPARER ET SE FAIRE RÉPARER LES CERVEAUX : UN CHEMIN VERS LA PAIX DANS LE MONDE. PLAIDOYER POUR UNE APPROCHE NEUROPHILOSOPHIQUE DE LA RÉCONCILIATION
Péguy LUMUENE LUSILAVANA est Dr en Philosophie et a un Master Professionnel en Édition-Journalisme. Il est enseignant chercheur en philosophie spécialiste d’Henri Bergson, membre de la Société des Amis de Bergson et aborde à ce titre le champ des neurosciences cognitives, la Pragmatique, l’IA, les Sciences de l’Information et de la Communication. Nous avions déjà publié un de ces articles intitulé « De la clôture à la communication monadique : l’erreur de Leibniz » dans Plastir 62, 09/2021. Dans cette nouvelle contribution, il nous fait part de ses réflexions liées aux résultats des enquêtes sociologiques réalisées par Thierry Blöss pour élucider la nature des relations entre les générations dans leur lien avec les inégalités sociales. Cette étude démontre que l’entraide privée familiale n’est pas naturelle, qu’elle ne va pas de soi. Dès lors, le pouvoir public devrait prendre en charge la solidarité entre les générations, pour rectifier les erreurs de sa pratique au niveau familial. Cependant, du point de vue de l’auteur, ce passage du privé au public nécessite une réflexion sérieuse sur les fondements de cette de prise en charge publique de la solidarité car les maltraitances des aînés dans les EHPADs (Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) démontre que ce passage n’est pas donné à l’avance. Ces fondements devraient pour ainsi mettre à profit les avancées des neurosciences cognitives, notamment la neuroplasticité et la néoténie. Ces deux notions permettent en effet de penser les liens entre les générations comme des relations transgénérationnelles. Cette transversalité passe notamment par la transmission réciproque du savoir être et du savoir-faire, que Péguy Lumuène Lusilavana nomme un co-apprentissage technologique et éthique.
SANTÉ DES MUSICIENS : UNE APPROCHE TRANSDISCIPLINAIRE DU CORPS ET DE L’ESPRIT
Eric CAULIER est docteur en anthropologie (Université Côte d’Azur) et diplômé en taijiquan de l’Université des Sports de Pékin. Il approfondit les différentes facettes des pratiques énergétiques chinoises grâce à diverses collaborations dans le milieu universitaire de l’éducation physique à la philosophie en passant par la sociologie et les sciences appliquées. Son approche est résolument transdisciplinaire et transculturelle. Depuis 2021, il est conférencier invité aux journées mondiales de la Science du Taiji. Eric Caulier a enseigné à des milliers d’élèves et formé une centaine d’enseignants. Auteur d’une vingtaine de livres et de nombreux articles, il intervient en entreprise : management de soi, ergonomie. Il a également publié un article sur le sujet dans Plastir 37, 09/2014. La réflexion proposée par l’auteur met en évidence les différents éléments d’une approche innovante de l’ergonomie résultant d’une collaboration fructueuse entre deux experts en taijiquan et l’équipementier automobile Faurecia. Cette approche globale — physique, cognitive, relationnelle et organisationnelle — s’est construite dans la durée : une quinzaine d’années. Elle a été utilisée dans d’autres secteurs, notamment avec les musiciens de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie ainsi qu’avec le violoncelliste Jean-Paul Dessy et le chanteur lyrique Louis Landuyt. Elle résulte de nombreux séjours d’étude en Chine (Université de Pékin, transmission traditionnelle) et de recherches transdisciplinaires (par exemple, thèse de doctorat de Mikaël Tits sur le geste expert avec la technologie Motion Capture). Diverses recherches et expérimentations ont montré que cette méthode améliore la proprioception ainsi que la conscience du corps et de l’environnement. Elle amène un engagement du corps entier, le geste devient plus fluide, plus habité. Des bienfaits psychologiques sont également à souligner au niveau de l’humeur, de la concentration et de la mémoire. Cette méthode a été présentée dans divers colloques en France (Aix-en-Provence, Paris, Toulouse, Nice) et à l’étranger (Chine, États-Unis). Elle a fait l’objet de mémoire de Master en kinésithérapie. Plusieurs décennies de pratique/recherche/transmission ont permis de mettre en exergue les principes actifs du taijiquan en développant conjointement une pédagogie pour les incorporer. Les effets de cette approche globale ne se limitent pas à la sphère professionnelle, celle-ci infuse dans la vie quotidienne. Elle amène progressivement un autre usage du corps et de soi. Elle permet de ralentir, de prendre soin de soi, des autres et du monde.